VOLUMES II – Fiction for musicians only (2021)
ORATORIO - Livret de Jeanne Benameur (2023)



VOLUMES II – Fiction for musicians only

Création 2021

 
Benjamin Duboc crée l’Ensemble Icosikaihenagone en 2021 et compose Volumes II – Fiction musicale et chorégraphique, création pour grand orchestre et corps actants afin de questionner les thèmes de l’autonomie et de la cohabitation de façon contemporaine. La création eut lieu en octobre 2021 au Théâtre Municipal Berthelot à Montreuil, la musique remporta un franc succès. Volumes II – Fiction for musicians only est une adaptation de la pièce réalisée pour le festival de Moers en 2023.
 

 

Volumes II – Une écriture poétique

Une proposition poétique d’un temps commun partagé et de nos places respectives mises en relation. Une simple mise en scène de nos places représentées par ces volumes d’air mis en vibration.
Certains volumes en attirent d’autres, masquent, mettent en lumière mais TOUS agissent, cohabitent, par leur présence ou absence. Une modulation de la pression se répète, un soupçon de pression ajoutée à celle de l’atmosphère, de nombreuses fois par seconde, un corps pour l’éprouver : C’est la naissance du son. Ces vagues plus ou moins rapprochées [leur fréquence] nous font résonner, avec sympathie. Nous ressentons la hauteur, le grain, l’épaisseur…

 

Volumes II – Une transformation

Les corps qui se baignent dans l’ondoiement de l’air inventent ce que l’on nomme musique.
À l’instar du son lui-même créé par l’alternance de la tension et de la détente, Volumes II questionne le processus musical.
Volumes II est une transformation, concrète.
Il s’agit d’une expérience sonore, une expérience des corps.
Un hommage au mouvement. Un hommage au vivant.

Faire voir et entendre les chemins autonomes des individus et sous-groupes lors d’une cohabitation fictive à l’image de celle que bon nombre d’entre nous a pu observer en posant simplement son regard et son attention quelques secondes et de façon contemplative sur le public d’une quelconque terrasse de café, sont les enjeux du projet.

 Pour écouter

Une collaboration avec le vidéaste Steffen Müller offre la possibilité d’une projection d’images interactives lors de l’exécution de la pièce.

Steffen Müller en donne ici une version vidéo
 Pour regarder

 

 

ORATORIO

Création 2023

Composition musicale pour une écrivaine récitante, électronique et grand orchestre.
Jeanne Benameur / Ensemble Icosikaihenagone

 

Afin de poursuivre et de développer le travail de l’Ensemble Icosikaihenagone et de questionner autrement la thématique de la cohabitation, l’idée du projet d’Oratorio en collaboration avec Jeanne Benameur a vu le jour. Un livret original, spécialement écrit pour le projet donne suite à cette entente artistique qui existe depuis 2017. Penser alors une composition commune et complémentaire allait de soi. Réfléchir ensemble à la création d’une forme concertante qui intègrerait texte et musique de façon contemporaine fut enthousiasmant et nous amena tout naturellement à l’Oratorio dans lequel Jeanne a le rôle de récitante en plus de celui assigné à l’écriture du livret.

Dans ce monde où cohabiter ne va pas de soi alors que tout nous y invite de plus en plus urgemment, apporter ce que peuvent deux pratiques artistiques au travail l’une avec l’autre me paraît “à sa juste place“.

 


ORATORIO
Un projet d’artisanat

Il est la rencontre de plusieurs savoir-faire. Il est l’endroit du lien, là où tout se tisse. Et là encore, il s’agit de cohabiter.


Benjamin Duboc convoque les musicien.ne.s de l’Ensemble Icosikaihenagone ainsi que Jeanne Benameur à qui il demande d’écrire un texte sur la cohabitation et d’être récitante de l’Oratorio. Le livret dépasse alors toutes ses espérances, il est ancien et nouveau, magnifique et poétique.
Le compositeur se lie également au savoir-faire de Diemo Schwarz, chercheur à l’Ircam, Rim et musicien de l’ensemble, et travaille à la façon d’utiliser les voix parlées grâce aux outils informatiques. Les musicien.ne.s et leurs voix, leur corps, sont en effet la matière première de l’Oratorio.
Le logiciel Max et la synthèse granulaire permettent de fabriquer des continuums avec quelques dizaines de millièmes de seconde seulement de voix enregistrées, écoutées et choisies. Ces grains de son révèlent l’extraordinaire richesse des voix et de leurs timbres.
Ces continuums sont reproduits par l’orchestre et servent de base aux accords ou “accorps“ proposés au fil de la pièce, orchestrés ou/et diffusés.
Ce sont de véritables symphonies, chaque harmonique y a sa place. Réfléchir aux places de chacun.ne, proposer, imaginer une nouvelle fiction, un nouveau moment pendant lequel les corps cohabiteront, et faire entendre le son de ces corps, alterner le jeu instrumental avec celui de la diffusion électroacoustique, sont les enjeux de cette nouvelle pièce pluridisciplinaire, sociale et poétique. La diffusion sonore en multi canal de certaines parties enregistrées est prise en charge par Céline Grangey. L’orchestre est mis en lumière par Françoise Michel. La pièce est composée d’une ouverture et de deux mouvements.

Notes d’intention de Jeanne Benameur


C’est parce que depuis 2017 je partage avec Benjamin Duboc des moments singuliers de travail que je me lance aujourd’hui dans cette nouvelle aventure.
Nous avons pratiqué des “ improvisations“ sur scène. Benjamin écoute des passages de texte que je lis et il improvise. Selon les sons qu’il crée je vais dans telle ou telle autre partie d’un texte. Nous ne répétons pas. Nous ne savons jamais ce qui sera lu d’un texte ni quelle musique accompagnera la voix.
J’aime cette absolue confiance dans le fait que nous nous entendons.
L’expérience menée sur des scènes et aussi en librairies parfois nous a d’ailleurs une fois portés à une création éphémère. J’ai improvisé un texte à l’adresse de jeunes migrants venus nous écouter et Benjamin a improvisé en même temps. C’est par étapes que la confiance s’approfondit.
Aujourd’hui je sens que nous pouvons déployer ce travail ensemble plus largement.

Quand Benjamin m’a parlé de la création de l’orchestre j’ai été impressionnée. Qu’il me demande de poursuivre l’aventure avec lui et avec les musiciens de l’orchestre me touche beaucoup.

Quand il m’a parlé du thème Cohabiter c’était dans un café. Ce qu’il en a dit m’a convaincue. C’était juste au moment de la sortie de La Patience des traces chez Actes Sud et du Pas d’Isis chez Bruno Doucey. Je ne pouvais qu’être réceptive aux paroles profondes et justes que j’entendais.
J’ai ensuite écouté vers quoi allait son travail de composition, seule chez moi.
Et j’ai accepté.
Je laisse le mot cohabiter m’imprégner de toutes les façons possibles depuis. Des bribes de textes sont venues. Je ne cherche rien. Je laisse venir les images et la pensée qui peu à peu prend forme. Des mots s’imposent. Je les écoute et je sens la vague qu’ils drainent avec eux. Dans ce monde où cohabiter ne va pas de soi alors que tout nous y invite de plus en plus urgemment, apporter ce que peuvent deux pratiques artistiques au travail l’une avec l’autre me paraît “à sa juste place“.
Bientôt je vais me mettre à l’écriture même. Il me faut pour cela du silence et de la confiance. Une disponibilité à l’écoute de ce qui advient.
Cette aventure arrive dans ma vie avec une évidence qui s’impose.
Depuis que moi-même j’ai tenté de cohabiter avec le monde, je poursuis ce chemin en essayant de l’ouvrir plus largement. Le monde me bouleverse et me donne à penser.
Ce travail avec Benjamin Duboc est une chance d’aller plus loin, plus profondément, et de partager. Alors j’y vais.

Notes d’intention de Benjamin Duboc

Je pense La musique comme un moyen de mise en relation avec le monde, une façon d’éprouver, de créer un lien, entre l’intime et l’autre, une façon d’éprouver le temps, de lui donner forme, une façon de vivre, par la sensualité qu’elle requiert et invoque, cette poésie qui pourrait peut-être définir ce qu’est l’Amour.

Ma première rencontre avec le travail de Jeanne Benameur a lieu il y a plus de dix ans.
Touché, troublé, emporté à la lecture de son livre Les Demeurées, je m’engage sur un long et lent chemin qui aboutira à une lecture musicale à quatre voix (Valérie Blanchon, Franck Andrieux, Jean-Sébastien Mariage et moi) autour de l’intime et de l’extime, le dedans et le dehors.
Puis, la rencontre de nos voix, au téléphone d’abord, sa proposition, son texte L’enfant qui (Actes sud)…Majestueux !
Alors l’évidence de nouvelles résonances, d’un nouvel espace dans lequel cheminer.
Notre rencontre sur scène…
Elle lit, je joue, nous nous lisons, vivons un temps commun peut-être possible.
Une écoute forte et intense, rare, alors, le partage.
La musique, improvisée, naît avec simplicité au contact de ce texte bouleversant et cette sensation de n’avoir d’autre appui que l’air, celui même qui fait palpiter tout ce qui s’ignore et qui est la vie.

De nouveaux textes et de nouvelles musiques – Mémoire musique électroacoustique composée à partir d’interviews pour le projet Les Toisons d’heures avec Hélène Lamarche et Isabelle Mabille / La Géographie absente (Bruno Doucey) / Le Pas d’Isis (Bruno Doucey) – ont suivi et ont confirmé la confiance que j’ai en la justesse, beauté et poésie de l’écriture de Jeanne Benameur.
Lui demander d’écrire le livret de l’Oratorio et d’en être la récitante allait donc de soi !